vendredi 6 mars 2009

Darcos, va changer tes couches !

Dans un article intitulé « Les communes devront-elle changer les couches-culottes ? », la Lettre du Cadre Territorial du 1er mars se fait l'écho des propos du Ministre de l'Éducation Nationale devant la commission des finances de Sénat :
« Est-il vraiment logique que nous fassions passer des concours bac+5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire la sieste à des enfants ou de leur changer les couches ? »

Si cette phrase a logiquement déclenché le réflexe du tollé chez les enseignants, elle pose à mon sens une autre question : ce ministre sait-il vraiment de quoi il parle ? Pour s'exprimer ainsi, c'est qu'il n'a sans doute jamais mis les pieds dans une école maternelle.
1/ il n'y a pas de couches dans les écoles maternelles puisque la propreté de l'enfant est un critère (peut-être discutable mais c'est ainsi) d'entrée en maternelle. Tous les parents vous le diront, en tous cas ceux qui se préoccupent de la scolarité de leur enfant, ce qui ne semble pas être le cas de Xavier D.
2/ le ministre semble penser que le travail "essentiel" des professeurs d'école en maternelle est de "faire faire la sieste". Outre le fait qu'apprendre à dormir correctement est un élément "essentiel" du développement de l'enfant, je doute fort que les instits passent majoritairement leurs temps de travail autour de la sieste. D'abord parce qu'avec le nombre d'enfants par classe, la sieste est bien souvent un souhait rarement une réalité et, ensuite, parce que si sieste il y a, elle est prise en charge par les agents des écoles, personnel municipal de catégorie C (concours de niveau C.A.P., quand il y a encore concours...) la plupart du temps.
3/ quel mépris de ces (ses?) personnels, tous professionnels formés à la petite enfance peu ou prou, qui s'occuperaient de la sieste et des couches éventuelles !

Mais cette phrase révèle un changement radical dans la scolarisation des 2-3 ans. En effet, un projet existe, issu du rapport « la scolarisation des jeunes enfants » des sénateurs Monique Papon et Pierre Martin - surnommés par leurs pairs «MP & PM» - qui propose la création de « jardins d'éveil » entre la crèche et l'école maternelle. C'est une recommandation très ancienne des éducateurs de jeunes enfants (en particulier de formation montessorienne) de veiller particulièrement à cette tranche d'âge soit en intégrant, enfin, des E.J.E. dans les écoles maternelles au sein d'équipes pluridisciplinaires, soit en rendant l'accès aux grandes sections de crèches (ou jardins d'enfants comme on dit encore parfois) gratuit, i.e. dans les mêmes conditions que l'Éducation Nationale, soit en créant, au sein de l'école, ces "jardins d'éveil".
Notre expert en éducation qu'est manifestement le ministre ne peut que soutenir un tel projet mais deux écueils subsisteront. Le premier, c'est que les E.J.E. sont formés à bac+2 et ça va encore le contrarier et, ensuite, je pense qu'il n'était pas du tout, mais alors pas du tout dans ses projets que l'État doive continuer de se préoccuper des siestes et des couches. Son intention, celle du gouvernement et de l' exécutif dans son ensemble, était sans doute beaucoup moins généreuse et consiste à faire porter cette nouvelle charge... aux collectivités territoriales ! Comme le conclut l'article de la Lettre :
« Imposer la création et le financement de jardins d'éveil par les collectivités pourrait donc permettre à l'État de faire "coup double" : réduire le nombre d'enseignants en maternelle et limiter le financement de nouvelles places de crèches. »
Sources : Le rapport sénatorial (en .pdf), sa synthèse (en .pdf), la fiche-résumé .

mardi 7 octobre 2008

Lil'auteurs : poésie, slam, chansons, sketches


«L'air de dire», collectif littéraire et artistique des Lilas (93) organise cette année, le spectacle «Lil'auteurs», le 24 octobre 2008 de 19 h. à 22 h. dans l'auditorium du Centre Culturel des Lilas.

Comme l'an passé, de nombreux artistes : poètes, chanteurs, slameurs, écrivains, musiciens seront sur scène et laisseront également la place à... vous, nous, tous ceux qui créent et ont envie de le dire, le chanter, le slammer, le déclamer, le jouer. Il est bien sûr plus prudent d'en informer les organisateurs en appelant le 06 63 67 69 43 mais, si vous avez l'expression vrillée aux tripes, le public vous accueillera pour 3 mn. de scène ouverte. Qu'on se le dise!

Je ne peux tous les citer, vous les retrouverez sur le programme téléchargeable ici : http://docs.google.com/Doc?id=dvwqw6s_0ftqwxtfd, mais j'attire néanmoins votre attention sur ces individus fort recommandables :

  • Isa Brutta, «l'amère du carcéral»,
  • Gérard Cazé «qui se soigne avec les mots», en lui souhaitant bon rétablissement car aux grands mots, les grands remèdes,
  • Anne-Élisabeth Desicy qui a épuisé l'Intelligence Artificielle, pondu 2 psy et enterré 3 romans ou bien le contraire...,
  • Philip Mondolfo (dit «le maître»*) qui manie l'humour, l'humeur et l'émotion du quotidien comme le feutre sur le tableau blanc : magistralement !
  • Éric Rémy nous lit la vie vaine, le dit vain et le non-dit (eh non, puisqu'il le lit!),
  • et beaucoup d'autres dont une séquence lusiphile (et angolaphile) de poésies et de musiques.

Ah! J'ai oublié de vous dire : l'entrée est gratuite, si il y a assez de places...

  • * Private joke, désolé... ;-)
  • vendredi 26 octobre 2007

    Le "Grenelle de l'Insertion"

    Dans un entretien publié par le journal "Le Monde", Martin Hirsch présente les objectifs et les enjeux de cette rencontre entre les associations, les professionnels et les institutions du champs de l'insertion. Cette initiative intéressante tombe à point nommé avec le début des expérimentations du Revenu de Solidarité Active qui devrait, à terme, fusionner les minima sociaux : R.M.I., A.P.I. et Allocation de Solidarité Spécifique. Toutefois, le risque est grand, à mon sens, de privilégier les effets d'annonce au détriment de propositions réalistes et qui prennent en compte les difficultés grandissantes des familles les plus en difficulté.

    Quant à la remise à plat des minima sociaux, on peut s'étonner légitimement de l'absence de l'Allocation d'Adulte Handicapé qui touche aussi un public en insertion. Quelles réponses seront envisagées également pour résoudre les difficultés liées à l'origine des fonds sur lesquels sont versés ces différents revenus de substitution : l'A.S.S. est versée à une personne (qui a cotisé aux A.S.S.E.D.I.C., organisme de droit privé), l'A.A.H. à un allocataire de la C.A.F. (ou M.S.A., mutuelle sociale agricole) sur des fonds de l'Etat tandis que les 2 autres (R.M.I. et A.P.I.) sont versé à un foyer (qui peut donc comprendre plusieurs personnes) sur des fonds départementaux pour le premier et d'Etat pour la deuxième.

    Toutes ces interrogations montrent que ce "Grenelle", terme en passe de devenir un nom commun et qui suggérerait que la France est dans une situation comparable à celle de Mai 68, est un moment attendu et qui ne saurait se contenter d'une conclusion "d'affichage politique".


    lundi 15 octobre 2007

    Rencontres divers-cités aux Lilas

    Mon ami Philip organise avec son association, une rencontre de poésie, de slam et de chansons le vendredi 19 octobre 2007 de 19 à 22 h. au Centre Culturel des Lilas 35, place C. de Gaulle aux Lilas, bien sûr.

    Une bonne quinzaine d'écrivains, poètes, slammeur-se-s et chanteurs se succèderont sur une scène ouverte où chacun peut venir s'y exprimer.

    Je vous conseille particulièrement le labbouz-blues et le slamalbert qui doivent être au blues et au slam, ce que Hugues Auffray est au country-western.

    Blague à part, le slam n'est-il pas une forme modernisée et mondialisée de la chanson de geste, des histoires de griot africain et du dazibao chinois?

    La brochure est à télécharger ici.

    lundi 17 septembre 2007

    Le forum de l'emploi dans l'économie solidaire

    Les 4 et 5 octobre 2007, se déroulera le 2nd forum de l'emploi dans l'économie sociale et solidaire à l'Usine en face le Stade de France (ce sera vers la fin de la Coupe du Monde de Rugby...) à La Plaine Saint-Denis (93).

    Ce forum comprend également des tables rondes et des ateliers autour de la problématique de l'emploi dans l'E.S.S.. Il faut vous inscrire auparavant : c'est gratuit mais obligatoire.

    jeudi 28 juin 2007

    Les constats alarmants du rapport "Familles, vulnérabilité, pauvreté" de la commission Hirsch

    Avant d'être nommé Haut-commissaire dans le nouveau gouvernement, Martin Hirsch a présidé une commission qui a publié le rapport "Familles, vulnérabilité, pauvreté" en avril 2005. Ce texte de 116 pages ne refait pas le monde mais présente un certains nombre de constats qu'il convient d'avoir en tête lorsqu'on se préoccupe de la situation des plus démunis. Je vous en livre 2 qui me paraissent "exemplaires" dans le sens où ils remettent en cause la sacro-sainte injonction faite aux plus pauvres : "Levez-vous le matin pour chercher du boulot au lieu de profiter des services sociaux!" Ne riez pas, on entend ça plus souvent que vous ne le pensez, y compris (et c'est encore pire de mon point de vue) dans les services concourant à la lutte contre les exclusions.
    " 1 - Les études sur cas types montrent qu’un allocataire du RMI perd du revenu quand il reprend un emploi à quart temps et n’en gagne pas à mi-temps

    La Direction de la Sécurité Sociale a réalisé pour la commission une étude sur cas
    types des effets financiers d’une reprise d'activité à des niveaux de rémunération modestes (variant d'un quart de SMIC à un SMIC à temps plein). 15 cas types sont ainsi simulés en fonction de l’allocation versée (RMI et API), de la configuration familiale (famille monoparentale ou non, comptant jusqu'à trois enfants) et du niveau d’activité du conjoint.
    Cette simulation met en évidence l’existence persistante d’effets de seuil induits par le système de transferts. Ce qu’on peut appeler les « trappes à inactivité », sans donner de valeur subjective ou péjorative à cette expression (elle signifie que l’activité n’est pas rémunératrice, pas que les personnes ne souhaitent pas travailler) :
    - une reprise d’activité à quart temps au SMIC conduit presque toujours à de très faibles gains nets, jamais supérieurs à 150€ par mois pendant l’intéressement et parfois très proches de zéro une fois la période d’intéressement terminée : ces montants semblent insuffisants pour couvrir les éventuels frais associés à la reprise d’activité. Il est à noter qu’à ce niveau d’activité, la prime pour l’emploi ne joue pas ou marginalement.

    - une reprise d’activité à mi-temps procure entre 100 et 200€ par mois pendant la période d’intéressement et 20 à 50€ à l’issue de cette période : là encore les gains semblent extrêmement faibles (de l’ordre de 3€ de l’heure pendant la période d’intéressement). Les montants de la PPE perçus sont à nouveau très peu significatifs (20 à 30€).
    - lorsque la reprise d'activité se fait à temps plein, la situation des ménages est sensiblement plus favorable notamment pour les couples : les gains sont supérieurs et davantage pérennes. Mais ces gains cachent des situations contrastées : pour les couples bi-actifs, les 500€ de gains sont en partie neutralisés par la perte de la CMU complémentaire et, éventuellement, la nécessité d’avoir recours à des modes de garde des enfants. De même, le gain à une reprise d'activité au SMIC demeure faible pour les familles les moins nombreuses précédemment titulaires du RMI (une personne isolée ne gagne, tout compris, que 150 € par mois à terme s'il reprend une activité à temps plein). Pour ce type d’emploi la PPE est plus significative (50 à 70€ par mois) quoiqu’elle ne compense pas la perte d’aide au logement très élevées sur cette catégorie.
    La prise en compte de différents coûts montre ainsi qu’un allocataire du RMI perd souvent de l’argent quand il reprend un emploi, y compris à mi-temps. Le gain se transforme en perte si l’on prend en compte les aides facultatives et les frais engendrés par la reprise d’un travail.
    Rappelons en effet que ces études donnent une image plutôt positive de la réalité puisqu’elles n’intègrent pas :
    - L’effet de seuil créé par les aides sociales facultatives, dont une étude récente (Y L’Horty, D Anne) montre qu’il est pourtant fort, alors que ces aides représentent en moyenne 20% du revenu plus défavorisés (voir résolution 5).
    - L’effet de seuil induit par la Couverture Maladie Universelle Complémentaire (voir
    résolution 8).
    - Le coût monétaire d’une reprise d’emploi, notamment les coûts d’habillage, de garde et de transport qui, même s’ils ne sont pas estimés par les économistes, sont sans doute élevés, notamment dans les zones rurales.

    2 - Le prélèvement sur les revenus du travail des ménages les plus modestes équivaut parfois à plus de 100%

    La reprise d'une activité professionnelle ne se traduit pas toujours pour les ménages par un accroissement du revenu disponible. Pour désigner le prélèvement implicitement opéré sur ce revenu, les économistes ont pris l’habitude de parler de taux marginaux d'imposition. Ils mesurent ainsi la proportion, pour un ménage donné, de l’augmentation des revenus du travail qui se trouve prélevée, soit sous forme d'impôt supplémentaire, soit sous forme de diminution de prestations, soit les deux. Quand cette proportion atteint 100%, le gain à la reprise d’emploi est nul : c’est notamment le cas pour les bénéficiaires de minima sociaux, compte tenu du caractère différentiel des minima ; quand elle dépasse 100%, le ménage subit une perte nette : c’est notamment le cas quand en plus de son revenu minimum d’insertion, le ménage perd des aides facultatives ou des aides au logement.
    Plusieurs réformes récentes ont visé à réduire l’occurrence des taux de prélèvement supérieurs à 100%, connus sous le nom de « trappes à inactivité » : création de la Prime pour l’Emploi, réforme de la taxe d’habitation, du barème des aides au logement. La possibilité d’être intéressé à la reprise d’emploi, c’est-à-dire de maintenir temporairement une partie du revenu minimum d’insertion ou de l’Allocation de Solidarité Spécifique pendant une période déterminée, a également visé à constituer une réponse à cette question.

    Une étude récente de la Direction de la prévision (DGTPE) montre que, en 2004, la
    courbe des taux marginaux d'imposition garde un profil en U, avec des taux élevés aux deux extrémités de la distribution de revenus. Des taux marginaux de l’ordre 100% restent systématiques entre 0 et 0,4 SMIC, ce qui est cohérent avec les cas types de la direction de la sécurité sociale. Ces taux sont en fait certainement supérieurs à 100% dans la réalité puisque l’étude n’intègre pas non plus les prestations facultatives.

    Bref les allocataires de minima sociaux continuent aujourd’hui à perdre de l’argent quand ils reprennent un emploi.

    Source : DGTPE, Maquette Paris
    Note de lecture : les taux marginaux d’imposition sont très élevés entre 0 et 0,4 SMIC ce qui veut dire que les gains à la reprise d’un emploi pour ce type de rémunération sont quasiment nuls. A partir de 0,7 SMIC, un individu qui reprend un emploi gagne plus de 70% du revenu net qu’il reçoit (soit un taux marginal de 30%)."

    Espérons que du haut de son Haut Commissariat, M. Hirsch se souviendra de ces constats...

    Je reviendrais plus tard sur la création du futur Revenu de Solidarité Active.

    mardi 20 février 2007

    Une initiative originale




    Le P.L.I.E. du Pré Saint-Gervais, Les Lilas, Pantin en Seine Saint-Denis a imaginé un moyen original de diffuser les CV des demandeurs d'emploi. Chaque quinzaine, des sets de table sur lesquels sont imprimés les CV sont proposés aux restaurants fréquentés par des cadres et chefs d'entreprise.

    Une question demeure : comment reconnaît-on un restaurant fréquenté par des chômeurs d'un fréquenté par des chefs d'entreprise?